Analytique N°22 : L’état du Jump en 2020

Bonjour à tous et bienvenue dans une Analytique assez courte que je n’avais pas prévu de faire, mais au vu des dernières rumeurs (fin d’Haikyû!!) et des derniers événements (fins de TPN et de Demon Slayer), je ne pouvais pas rester dans mon coin, surtout quand il s’agit d’un magazine cher à mes yeux. Bien, parlons de si oui ou non, le Jump est en déclin.


2020, une année de transition ?

Bien, je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter le Weekly Shônen Jump, j’ai réalisé un article dessus il y a quelques mois, il a même eu une refonte récemment. Aujourd’hui, on va s’intéresser à l’état de ce magazine en 2020. Je vous invite également à aller lire mon article bilan du 1er semestre du Jump. Aujourd’hui, on va uniquement s’intéresser à l’état du Jump en 2020, et pourquoi je le trouve plus qu’alarmant.

JP] Weekly Shonen Jump 2020 12 – Weekly Shonen Jump

Le Jump en 2020 est dans une situation assez… Particulière. Globalement, on sent que le vent commence à tourner, et qu’une ère touche à sa fin. Pour appuyer ces propos, je vous propose de jeter un oeil aux mangas qui ont pris fin depuis le début de l’année 2020 :

  • Beast Children dans le Jump #1
  • Tokyo Shinobi Squad dans le Jump #2
  • Samurai 8 dans le Jump #17
  • ZIPMAN!! dans le Jump #19
  • Demon Slayer dans le Jump #24
  • Yuna de la Pension Yuragi dans le Jump #27
  • The Promised Neverland dans le Jump #28
  • Guardian of the Witch dans le Jump #29

8 mangas qui ont pris fin en moins de 30 numéros, soit quasiment un manga tout les 3 numéros. Même en enlevant Beast Children et Tokyo Shinobi Squad, dont l’avenir était déjà scellé, on arrive à une moyenne d’une fin tout les 5 numéros. C’est énorme ! Le pire, c’est que parmi ces 8 mangas, 3 sont des piliers du Jump, qui ont connus une très belle vie :

  • Yuna de la Pension Yuragi : premier ecchi à s’imposer dans le magazine depuis longtemps. 3,6 millions de copies imprimées en 19 volumes, un très joli score pour un manga du genre
  • The Promised Neverland : OVNI du magazine qui aura énormément fait parler de lui tout au long de sa vie. 21 millions de copies imprimées en 19 volumes également.
  • Demon Slayer : nekketsu qui aura réussi à égaler One Piece. 80 millions en 21 volumes et ça va continuer de monter.

Jusque-là encore, rien d’alarmant. Certes le Jump perd le seul manga capable d’égaler One Piece, mais bon. Le magazine a su rebondir après la fin quasi-simultanée de Yu Yu Hakusho, Dragon Ball et Slam Dunk. Cependant, là où je trouve que le Jump agit d’une manière assez étrange, c’est dans le traitement vis-à-vis de ses nouveautés et justement on va parler de ces fameuses nouveautés.


2020, ou comment rire avec la Shueisha

Le Shonen Jump s'enrichit de 3 nouvelles séries! | Gaak

Encore, que des mangas marquants du Jump partent, pourquoi pas. Leur départ quasi-simultané est un concours de circonstances, et c’est déjà arrivé plusieurs fois par le passé. Par contre, qu’une grosse partie des nouveautés soient des comédies, genre qui n’est pas voué à se vendre énormément, là je bloque. Pour faire simple, voici la liste des nouveautés lancées depuis début 2020 :

  • ZIPMAN!!
  • Agravity Boys
  • Undead Unluck
  • MASHLE
  • Guardian of the Witch
  • Moriking
  • Bone Collection
  • Time Paradox Ghostwriter
  • Ayakashi Triangle
  • God of Destruction Magu-chan
  • Hard-Boiled Cop and Dolphin
  • Me & Roboko

Première chose qu’il est intéressante de remarquer : le nombre de nouveautés lancées. Depuis le N°1 de 2020, 12 nouveautés ont fait leurs débuts dans le magazine, alors que généralement on tourne autour d’une quinzaine de nouveautés par an. Et avec Burn the Witch, prochain manga de Tite Kubo, qui devrait arriver cet été avec d’autres nouveaux, on tournerai déjà autour de 15. Alors oui, ça n’indique rien, mais on a l’impression que la Shueisha balance les mangas qui lui passent sous la main sans idée précise.

Généralement, un manga arrive pour remplir un « rôle » dans le magazine. C’est pour ça qu’on a toujours un manga de shogi ou un manga de go tout les 2-3 ans, car la Shueisha espère reproduire un succès à la Hikaru no Go (on a par exemple eu Momiji no Kisetsu ou Double Taisei dans ces genres là). On a parfois aussi une romcom, un ecchi ou un manga plus marginal qui se rapproche de ça (Cross Account, Alice to Taiyo ou Ayakashi Triangle justement). Sauf que là, c’est du grand n’importe quoi.

Sur ces 12 nouveautés, 5 sont des comédies pures et dures (Agravity Boys, Moriking, God of Destruction, Hard-Boiled Cop et Me & Roboko). On peut y ajouter MASHLE et Undead Unluck qui sont un peu des shônen façon Gintama mi-action mi-comédie. Je pourrais aussi inclure Ayakashi Triangle, qui de par son statut d’ecchi va forcément inclure de la comédie, mais je m’en passerais.

Le 1er chapitre de Mitama Security est disponible dans le Weekly ...

On est donc à 5 comédies pures lancées depuis début 2020. Si on ajoute Mitama Security et Yozakura, commencés fin 2019, on arrive à 7 comédies lancées en environ 8 mois. Et on arrive dans le point que je ne comprend pas.

Pourquoi, dans une période où les « blockbusters » du Jump partent un à un, lancer quasiment que des comédies qui n’ont pas vocation à se vendre énormément ?

Je pense qu’on peut apporter un seul élément de réponse : la Shueisha essaye de trouver un nouveau gag manga. Habituellement, il y a toujours un gag manga en fin de magazine. Sauf que là la place est vacante depuis quasiment 1 an et demi et la fin de Shinsuki Renaissance David-kun et le transfert de Jimoto Ga Japan. Donc on peut penser que la Shueisha essaye de trouver en urgence un nouveau manga de ce style. Sauf qu’à ma connaissance, la maison d’édition n’est pas obligée de lancer que des comédies pour au final en garder une seul.

J’ai également vu certaines personnes dire que la Shueisha fait ça afin de « remonter le moral des enfants japonais suite au COVID ». D’un côté, c’est possible que ce soit vrai par rapport aux dernière nouveautés, avec 3 comédies sur 4. De l’autre, ce mouvement a commencé fin 2019, et puis ça a l’air assez irréalisable également.

Jujutsu Kaisen » et « Chainsaw Man », deux nouveaux mangas ...

D’un autre côté, il faut aussi remarquer que de moins en moins de nekketsu s’imposent dans le Jump. Le dernier vrai nekketsu à s’être imposé est Jujutsu Kaisen, qui a déjà plus de 2 ans. Depuis, seul Chainsaw-Man a réussi à se faire une place, et bien qu’ils reprenne certains codes du nekketsu… Il n’en est pas réellement un.

On est donc sur un magazine qui n’arrive plus à trouver de nekketsu marquant depuis maintenant 2 ans. C’est cocasse quand on sait que c’est sensé être le genre phare du Jump. Ne0lation, Gokutei Higuma, Tokyo Shinobi Squad, Guardian of the Witch… Tant de nekketsu qui n’auront pas réussis à convaincre. On pensera également à Samurai 8, qui rentrera dans l’histoire comme l’un des plus gros flops de l’histoire du magazine, comme quoi même un grand nom comme Kishimoto peut se foirer…

Avant de vous quitter, j’aimerais aborder un dernier point.


Des titres vieilissants

We Never Learn bientôt disponible en exclusivité sur Wakanim

Alors oui, le Jump galère à trouver de nouvelles pépites, mais après tout il a déjà des titres qui vont le soutenir non ?

Et bien… Oui et non. Globalement, les mangas du Jump sortis avant 2018 ont tous atteint leur potentiel maximal. On va donc de One Piece à Dr.STONE. My Hero Academia commence à perdre du terrain, Haikyû!! retourne petit à petit à son niveau d’antan, Black Clover dégringole et We Never Learn aussi.

On se retrouve donc avec Act-Age, Jujutsu Kaisen et Chainsaw-Man. Jujutsu Kaisen est déjà à 150k en 1ère semaine, ce qui est une excellente performance pour un manga sans anime, meilleure que ce que pouvait faire Demon Slayer par exemple.

Chainsaw-Man s’approche lui des 100k en 1ère semaine (environ 95k avec son dernier volume), il est donc sur une courbe de croissance plus rapide que celle de Jujutsu Kaisen. Il faudra voir comment il se comportera à l’avenir, même si il semble être promis à un excellent avenir.

Enfin, Act-Age commence à un peu ralentir au niveau de sa croissance, en approchant des 90k en 1ère semaine. Il faudra voir avec son 12ème volume comment ça évolue. Le titre se vend très bien pour son contenu, manga sur le cinéma, et il n’a pas vocation à se vendre autant que ses 2 collègues.

Donc oui, 3 mangas qui tournent autour des 100k en 1ère semaine et qui sont encore en progression, c’est pas mal non ? Oui, au cas par cas c’est pas mal du tout, c’est même très bon. Le problème c’est que dans l’ensemble, ces 3 mangas portent seul le futur du Jump à l’heure actuelle. Et ça, ça va forcément poser problème à l’avenir.

Donc oui, je considère que le Jump est dans une position plus que délicate. Des mangas historiques qui prennent fin un à un, des nouveautés qui peinent à convaincre et qui ont l’air d’être balancés sans plan fixe et donc des jeunes pousses qui sont de plus en plus rares… L’avenir s’annonce bien sombre.

Mais on aura l’occasion de reparler de ce sujet un jour. Merci d’avoir lu cet article, bon samedi soir à vous tous !

Pr3m13r Ch4p1tr3 N°1 : Time Paradox Ghostwriter

Dans la plupart des cas, un manga doit être marquant dès son premier chapitre, qui est souvent l’un des moments les plus intéressant de l’oeuvre. Un premier chapitre doit réussir à nous introduire un univers, des personnages et commencer le scénario. Dans cette nouvelle chronique 100% manga, nous allons donc nous intéresser aux premiers chapitres. Aujourd’hui, on commence avec la meilleure nouveauté du Jump de cette année, Time Paradox Ghostwriter.

Etant donné qu’il s’agit du premier épisode de cette chronique, je dois donc vous expliquer son fonctionnement. Je vais donc me concentrer sur l’analyse des informations que nous apporte ce premier chapitre avant de juger si pour moi, il s’agit d’une bonne introduction ou non. Time Paradox Ghostwriter est encore à ce jour un manga très court, avec uniquement 7 chapitres. Je ne traiterais de comment les éléments introduits évoluent, bien que je pense que je pourrai le faire à l’avenir.

Enfin, cette chronique servira avant tout de chronique ayant pour but de vous présenter des mangas, j’essayerai donc d’aller chercher assez loin dans mes souvenirs pour vous présenter des mangas. Mais vous pouvez tout de même me proposer des mangas dont vous aimeriez voir dans cette chronique, que ce soit en commentaire de cet article ou en me mentionnant sur Twitter. Bien, sur ce, commençons !

Time Paradox Ghostwriter, la nouvelle série du Jump en trailer! | Gaak

Time Paradox Ghostwriter est donc un manga écrit par Kenji Ichima et dessiné par Tsunehiro Date. Il a commencé dans le Jump #24 de 2020, soit il y a quasiment 2 mois. Ce premier chapitre fait donc 54 pages, la durée standard pour une nouveauté du Jump. Ce manga a déjà tapé dans l’oeil de pas mal de personnes du public occidental, il faudra attendre le classement de cette semaine pour savoir si les japonais ont également apprécié ce premier chapitre.

Le premier élément qui nous est introduit dans le premier chapitre de Time Paradox Ghostwriter est bien évidemment le protagoniste. Sasaki Teppei apparaît donc comme protagoniste de ce manga. Âgé de 24 ans, il s’agit d’un jeune homme cherchant à devenir mangaka. Si il a déjà obtenu un prix de jeune auteur, il n’arrive pas à publier un one-shot, et va constamment voir son responsable éditorial afin de lui proposer des histoires, qui ont toutes été refusées.

Le personnage nous est introduit d’une façon très intéressante, étant donné qu’on ne le voit pas directement en entier. On voit d’abord la main droite de Sasaki qui attrape un ballon en forme d’étoile. En même temps, le narrateur fait un monologue sur le fait de réaliser son rêve, et que seul quelques personnes y sont parvenues. Il utilise les termes « en s’imaginant pouvoir saisir une étoile » afin de désigner le rêve, hors Sasaki cherche justement à attraper un ballon étoile.

Il est clair qu’ici, l’idée est de nous faire penser que Sasaki a déjà atteint son rêve de devenir mangaka, et c’est ce qu’il laisse penser, en disant qu’il a rendez-vous avec son éditeur éditorial. Cependant, il fait une chute et tombe de l’arbre sur lequel il était monté afin de récupérer le ballon. Il récupère quelques égratignures au passage. On peut interpréter ce passage comme le « retour à la réalité » de Sasaki : il cherche à atteindre son rêve mais il n’y est pas encore. Cependant, il fera tout pour atteindre son objectif, quitte à se blesser. C’est donc là que se finit l’introduction du personnage de Sasaki, qui file à son rendez-vous avec son responsable éditorial.

Le second personnage à être introduit est le responsable éditorial de Sasaki. Je n’aurai pas grand chose à dire sur lui, étant donné qu’il fait surtout office de personnage qui bloque Sasaki au stade du début du chapitre 1. En gros, le responsable éditorial est responsable du statu quo du chapitre 1 de Time Paradox Ghostwriter. Cependant, un statu quo au début d’une oeuvre, une situation initiale quoi, est forcément amenée à changer. Donc ce personnage va peu à peu disparaître au fur et à mesure de ce premier chapitre, même si il est intéressant en tant que 1ère motivation de Sasaki : entendre de la bouche de son responsable éditorial que son manga est intéressant.

J’aimerais aborder un autre point avant de m’intéresser au reste de l’analyse du chapitre : les dessins.

Ce qui est également intéressent à remarquer, c’est que dès que le personnage du responsable éditorial apparaît, les décors sont bien plus sombres, là où quand uniquement Sasaki est présent, les décors sont généralement bien plus clairs. Globalement les dessins de ce premier chapitre sont agréables à regarder. Ce n’est pas exceptionnel non plus, mais c’est dans la moyenne haute.

On sent que Date a déjà eu de l’expérience en tant que mangaka du Jump. Pour l’anecdote, il est derrière 2 échecs du Jump : Cross Account, publié en 2017 et compilé en 4 volumes et Tokyo Wonders Boys, publié un énorme échec. C’était un tel échec que ce manga s’est compilé en un seul volume… En espérant que Time Paradox Ghostwriter ne suive pas le même destin…

La seconde moitié du premier chapitre se concentre sur le personnage de Sasaki qui a essuyé ce qui semble être l’échec de trop. Il rentre chez lui, désespéré, et s’apprête à lâcher l’affaire quand…

La foudre s’abat sur son micro-onde et son frigo. C’est ici que le titre de la série prend tout son sens. Sasaki va commencer à recevoir des Jumps issus de l’année 2030. Cependant, il croit tout d’abord qu’il s’agit d’un rêve et il va recopier le manga « White Knight » d’Aino Itsuki, issu de ce Jump de 2030, en pensant que c’est son subconscient qui l’a crée dans son fameux rêve.

Il va présenter le manga à la Shueisha. Il est refusé par son responsable éditorial, mais accepté par l’éditeur en chef. Le chapitre se finit sur l’Aino Itsuki de 2020, qui travaille déjà sur White Knight, qui découvre que Sasaki a publié une version one-shot de White Knight dans le Jump.

Ce premier chapitre de Time Paradox Ghostwriter pose donc des bases très intéressantes pour la suite de la série :

  • Sasaki va inconsciemment continuer d’écrire White Knight, en pensant encore que le manga est issu de ses rêves, jusqu’à qu’il remarque que son micro onde lui envoie bien des Jumps du futur
  • De son côté, Itsuki va probablement chercher à rentrer en contact avec Sasaki afin de s’expliquer avec lui.

Le scénario n’est pas trop rapide ni trop lent, il sait ce qu’il a à faire et il le fait. C’est un vrai plaisir de voir un premier chapitre en pleine possession de ses moyens, qui se conclut là où il faut et qui n’essaye pas d’en faire trop afin de garder du contenu sous le coude pour la suite.

Dans son ensemble, l’introduction de Time Paradox Ghostwriter est de mon point de vue très réussie. Le chara design est intéressant, avec un protagoniste qui semble « banal » en comparaison avec l’héroïne.

De même, le scénario part sur de très bonnes bases et nous promet une suite plus qu’intéressante.
Le seul reproche que je pourrais faire serait à adresser au protagoniste, avec qui j’ai du mal à la fin de cette lecture. Mais qui sait, peut-être que la suite pourra changer ça ?

Je vous remercie d’avoir lu le premier épisode de cette nouvelle chronique. Elle me trottait dans la tête depuis pas mal de temps, et elle est passée par plusieurs formes avant d’arriver dans celle-ci, qui me convient bien plus ! Pour vous dire, à la base je voulais faire une chronique sur les boss finaux de jeux vidéo, avant de basculer sur l’analyse des premiers niveaux… Puis de fil en aiguille, j’ai totalement changé de registre en gardant l’idée d’analyse du début, pour créer Pr3m13r Ch3p1tr3. Cette chronique sera bi-mensuelle et fonctionnera en tandem avec les Personnalitay. Oui, les Top M’en 5 ne seront plus inclus dedans et ils vont disparaître.

Enfin, je vous en parlerais plus en détail après-demain, dans le bilan de ce mois de juin qui annonce des grand changements ! Bonne soirée à vous, et à demain !

Critique N°31 : ZIPMAN!!

1ère nouveauté du Weekly Shônen Jump en 2020, ZIPMAN!! nous a quitté il y a déjà 1 mois. Entre classement désastreux et ventes catastrophiques, l’oeuvre de Yusaku Shibata méritait-elle un tel destin ? Réponse dans cette critique qui s’annonce moins joyeuse que les précédentes…


Une base intéressante

Otakulte 🐉 on Twitter: "🔹Undead Unluck T1 🔹Zipman T1 🔹Agravity ...

ZIPMAN!! est donc un shônen nekketsu, écrit et dessiné par Yusaku Shibata, qui a commencé dans le Jump #1 de 2020 et qui a pris fin dans le Jump #19 de la même année, pour un total de 17 chapitres, compilés en à peine 2 tomes…

ZIPMAN!! nous raconte l’histoire de Kaname et de Koshiro Tatara, tout deux épris de la belle Cheena. Ils s’élancent donc dans une bataille ayant pour but de la faire sourire. Si Koshiro est un génie avec un visage magnifique, Kaname est une montagne de muscles avec un visage bien moins attrayant.

Cependant, un jour, Koshiro disparaît dans un accident, et Kaname va devoir devenir le héros dont la population a besoin…

Oui, ce scénario est très, très cliché. Et si ce n’est pas forcément un mal, dans le cas de ZIPMAN!!, Shibata a quand même essayé de raconter l’histoire qu’il voulait raconter, sans doute en plus de 50 chapitres. Et le problème, c’est que ZIPMAN!! ne fait que 17 chapitres.. Donc une histoire prévue pour en faire plus de 50 est forcément rushée…


Un marathon qui devient un sprint

Coloration du 1er chapitre

Honnêtement, l’idée de base de ZIPMAN!! est bonne, très bonne même. L’idée de mêler nekketsu et Power Rangers avec des modules qui transforment la combinaison me plait. Et c’est clairement ce qui ressort des 4 premiers chapitres, où on sent que Shibata prend un peu le temps de développer son univers à côté. Le seul problème, c’est qu’il développera son univers que dans ces 4 premiers chapitres, qui ressortent clairement comme étant les meilleurs de la série, de très très loin.

Pour le reste… C’est du nekketsu vraiment, vraiment bas de plafond. De la baston, de la baston et encore de la baston… Vous reprendrez bien un peu de baston ? Le vide scénaristique de ZIPMAN!! est incroyable.


Une dimension narrative… inexistante

zipman | Explore Tumblr Posts and Blogs | Tumgir

Shibata met l’histoire en pause pendant 5 chapitres, et il se permet surtout une ellipse. Une ellipse… Dans un manga de 17 chapitres. Je n’ai rien contre les ellipses, c’est un procédé narratif très intéressant et avoir une ellipse en dernier chapitre qui montre comment les héros ont évolués, c’est une idée que j’aime beaucoup. Mais là non…

En soit, j’ai l’impression que le mangaka tenait à raconter son arc final comme il le voulait, quitte à mettre une ellipse en plein milieu et passer à la trappe le développement physique et mental de Kaname. Si l’arc final apparaît clairement comme une petite bouchée de fraîcheur, la transition est si bancale que ça en devient juste ridicule…

Jackman

En soit le speech n’est pas mauvais, il est très basique et il pose surtout d’excellentes bases qui auraient dû être le point de départ d’un manga bien meilleur. L’idée d’un Koshiro moralisateur et d’un Kaname tête brûlée est classique, mais ça marche. Mon problème étant que l’auteur met tout à la poubelle au chapitre 5 pour se concentrer sur la baston… Au global le scénar est moyen, très moyen, avec un twist qu’on sent arriver à 300km.

C’est sans parler de l’univers, qui avait pour le coup vraiment, mais alors vraiment beaucoup de potentiel. L’idée de combinaisons qui donne des pouvoirs ressemblait à une idée de nekketsu classique (Black Clover, My Hero Academia, One Piece…) mais ça tentait d’apporter un vent de fraîcheur au combat, en mettant plus l’accent sur la combinaison que le possesseur.

Mais encore une fois, l’auteur manque totalement le coche alors que les 4 premiers chapitres allaient dans ce sens, et ce n’est pas la seule chose que rate ZIPMAN!!, à mon grand désarroi.


Bien plus frustrant que décevant

Kushikime on Twitter: "ZIPMAN 12 It took 12 chapters but I finally ...

ZIPMAN!! ne m’a pas déçu. Je n’ai pas arrêté ma lecture car je trouvais le manga trop mauvais, mais il m’a bien plus frustré car je voyais son potentiel s’effriter peu à peu.

  • Les combats ? Hop, méga power-up de Kaname et de sa suit, on en parle plus.
  • Le scénar ? Hop, on bricole un antagoniste final en 2-2
  • L’univers ? Euh…

Le seul point sur lequel ZIPMAN!! s’en sort admirablement, c’est le dessin. On voit que l’auteur a de l’expérience en tant qu’assistant, mais c’est vraiment la seule qualité du manga…

ZIPMAN!!

Notation:

Personnages: 08/20

Scénario: 06/20

Ambiance et Univers: 06/20

Dessins: 16/20

Plaisir de Lecture: 11/20

Total : 47/100 = 9,4/20

ZIPMAN!! est un manga gâché. Les 17 chapitres sont globalement fades, malgré un début très correct et un arc final pas trop mal. On sent venir le seul twist à des kilomètres et surtout, ça va beaucoup trop vite. L’auteur aurait dû se limiter à un seul arc, pas à vouloir enchaîner et faire une ellipse. C’est dommage, car il avait un vrai potentiel.

Zipman!! l'oeuvre fait ses adieux au Weekly Shonen Jump! | Gaak

Analytique N°4: Le Weelky Shonen Jump

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Dragon Ball, One Piece, Naruto, My Hero Academia, The Promised Neverland, Slam Dunk, JoJo’s Bizarre Adventure. Un seul point point commun entre ces mangas: ils proviennent du Weekly Shônen Jump, magazine de mangas prépubliés à parution hebdomadaire connu pour avoir lancé nombre de légendes du manga.

Cependant le monde du Weekly Shonen Jump ne peut pas être tout rose et si certains de ses bébés arrivent jusqu’au sommet, d’autres se brûlent les ailes et sont abandonnées agonisants dans le caniveau. Car le Jump fonctionne sur un système de popularité impitoyable mais juste. Une série publié peut se faire arrêter prématurément à cause d’un manque de popularité. Dans ce cas, une série impopulaire ne vit rarement plus de 25 chapitres, soit 6 mois de parutions. Et c’est très fréquent.

Ce qui a motivé la sortie de cette analytique aujourd’hui plutôt qu’une autre fois est que lundi, date à laquelle sortira le Jump #52 de 2019, deux séries, « Double Taisei » de Kentaro Fukuda et « Yui Kamio Let’s Loose », de Hiroshi Siibashi (auteur de Nora: Rise of the Yokai Clan) prennent fin prématurément, en 27 chapitres pour « Double Taisei » et en 36 chapitres pour « Yui Kamio Let’s Loose ». Et c’est considéré par pas mal de personnes qui suivent ces classements comme une situation où les éditeurs ont été cléments… Mais on peut donc se demander:


Est-ce que le fonctionnement du Jump est-il encore optimal ?

Car oui, voir une série prometteuse s’interrompre c’est jamais facile, surtout quand on est tombé sous son charme, je vous parle en connaissance de cause… C’est aussi très dur quand on sait à quel point avoir une série dans le Jump est un parcours du combattant.

26 séries débutées depuis début 2018 et 20 arrêtées depuis 2018… ça fait un ratio de 76,9% de séries arrêtés. C’est vrai que dit comme ça, ça n’a pas l’air énorme mais on parle d’un magazine qui lance une grosse dizaine de séries par an… Sur douze séries lancées en 2018, seul 2 (Jujutsu Kaisen et ACT-AGE) sont encore en parution.. Et plus on remonte plus le chiffre baisse. Actuellement le Jump c’est, par ordre de « vieillesse »:

  • One Piece (1997)
  • Hunter x Hunter (1998) (malgré une parution très irrégulière, 0 chapitres en 2019)
  • Haikyū!! (2012)
  • My Hero Academia (2014)
  • Black Clover (2015)
  • Yûna de la pension Yuragi/ The Promised Neverland/ Demon Slayer (2016)
  • We Never Learn/Dr.Stone (2017)
  • ACT-AGE/ Jujutsu Kaisen (2018)
  • Chainsaw-Man/ Samurai 8/ Beast Children/ Tokyo Shinobi Squad (2019)

Les seuls années ayant plus de 2 mangas encore dans le magazine sont 2016 et logiquement 2019, et ce n’est qu’à partir de 2014 que l’on trouve un manga représentatif de chaque année…. Certains trouveront ce passage un peu inutile, mais je trouve au contraire qu’il illustre bien la politique impitoyable du Jump: les lecteurs ne t’aiment pas ? Au revoir.

Mais la popularité ne fait pas tout. Les ventes sont l’autre facteur qui peut déterminer la survie d’un manga dans le magazine. Car si la popularité amène forcément de nouveaux lecteurs, l’inverse peut aussi se faire. On peut prendre l’exemple de Chainsaw-Man, qui faisait un très mauvais départ mais qui a assuré sa survie en vendant 25 000 exemplaires lors de sa première semaine. Mais c’est des cas assez rares.

D’autant plus que lorsque qu’une série est mal classée, elle se situe généralement en fin de sommaire. Et ça peut influencer sur le jugement des lecteurs: ils s’attendent à ce que la série soit objectivement plus mauvaise que celles en début de magazine mais il est aussi possible que le lecteur soit « lassé » du Jump et donc oublie de lire les mangas en fin de sommaire et ainsi ne vote pas pour eux dans le vote de popularité. Au final, les « rookies » du magazine ont très peu droit à l’échec: un échec dans leur scénario est difficilement rattrapable, de même pour le style graphique.

On répète depuis très longtemps à quel point le travail de mangaka qui paraît dans un hebdomadaire est compliqué pour les vétérans comme Oda, qui doit même prendre une pause mensuelle tellement sa santé s’est dégradée en 22 ans… Imaginez alors la situation pour un débutant, qui accomplit son rêve et qui doit lutter pour grignoter quelques lecteurs à des mastodontes comme One Piece ou My Hero Academia. Pour ça généralement son manga respectera à la lettre les codes du shônen.

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Mais le Jump possède un problème pour moi plus important que la ridicule marge d’erreur laissée aux nouveaux venus et le fait que leur manga soit sur la sellette durant leur 6 (premiers) mois de vie: la place que ce sont creusés les anciens. Alors oui ça peut sembler hypocrite et on pourrait croire que je n’aime rien dans le système du Jump. Mais ça peut sembler logique de « déclasser » certains mangas, dont on connaît le succès et qu’on sait que les auteurs se donneront toujours à fond. Prenons One Piece, manga invaincu dans les classements de popularités et dans les ventes. On sait que Oda se donnera toujours à fond, et que son manga est et restera au sommet.

Alors pourquoi continuer à la classer avec My Hero Academia, Demon Slayer, Black Clover et surtout les nouveaux venus qui finissent très souvent noyés sous leurs aînés. One Piece pourrait très bien passer en case « Intouchable » où figurent déjà Hunter x Hunter et quelques gag mangas. Non seulement cela libérerait une place qui restera occupé jusqu’à au moins 2024 selon les dires d’Oda, mais aussi ça enlèverai un poids des épaules d’Eiichiro Oda, qui n’aurait plus à subir le rythme intense du Jump…


Un monde teinté de gris

Après non seulement le Jump met ses jeunes auteurs sous pression constante, mais même après avoir réussi à créer un lectorat et à s’assurer une place dans le magazine, un auteur n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise afin de faire de la place. Et aucune série n’est épargnée. On peut penser à Food Wars, Shokugeki no Soma chez nos amis nippons, qui a pris fin en début d’année à cause d’une succession de mauvais classements après tout de même 6 ans de publication.

EDIT: Enfin du nouveau pour Bleach ?! | Gaak

Et les fins sont généralement rushés au possible. On peut citer le cas de Bleach, manga légendaire de Tite Kubo qui a un temps porté le Jump avec One Piece et Naruto, qui s’est vu rallongé au possible par les éditeurs avant de finir brutalement afin de coller avec le 15ème anniversaire du manga, ce qui nous donne un arc final qui s’étale sur plus de 4 ans et un dénouement en moins de 10 chapitres avec un chapitre en guise d’épilogue. Triste destin pour un manga aussi marquant. Car oui les éditeurs demandent aux mangakas de couper court leur dénouement mais aussi de rallonger au possible les plus gros succès.

On peut penser à Bleach forcément, mais aussi à Dragon Ball, que Toriyama voulait finir dès la saga Freezer. Il a même réessayé avec la saga Cell, sans succès… On peut même penser que Naruto a eu une fin avortée avec la saga Pain, tellement le contraste entre Naruto et Pain/Nagato était fort et que tout semblait en oeuvre pour une fin bien meilleure que celle eue au final.

Mais le système éditorial du Jump apporte aussi d’excellentes choses. Une rivalité entre les mangas du magazine amène forcément les mangakas à se surpasser afin de nous livrer des mangas de très bonnes factures. Si ce système n’existait pas, on peux imaginer que certains mangakas se détendraient parce que justement ils sont publiés et ils le resteront. Ainsi, on pourrait avoir plus facilement des mangas plus surprenants, plutôt que d’avoir 13 nouveautés quasiment identiques.

Certains OVNI arrivent malgré tout survivre dans le magazine. On peut penser à The Promised Neverland, ou encore à Bakuman. C’est non seulement une petite révolution dans l’industrie du shônen made-in-Jump, mais en plus de ça illustre parfaitement le fait que les mangakas ont de plus en plus de marge. Il suffit de voir les états narratifs de The Promised Neverland, Demon Slayer ou encore Haikyû!!.

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Donc au final, que penser de tout ça ? Le système éditorial du Jump marche t’il encore fin 2019, après plus de 50 ans de bon et loyaux services ? Oui, des mangas plus que prometteurs passent à la trappe et s’il était difficile de s’en rendre compte fin années 90 début 2000, où seul les gros succès parvenaient chez nous, suite à l’explosion successive de Dragon Ball Z et de Pokémon.

Aujourd’hui avec Internet, tout se remarque bien mieux. Et si ça peux faire mal de voir des mangas prometteurs qui nous avaient tapés dans l’oeil se finir ainsi, il faut se dire que cela nous permettra d’obtenir de bien meilleurs « survivants ». Ainsi, la rivalité constante entre les mangas nous permet d’obtenir des oeuvres encore plus incroyables et agréables à lire.

Je permet d’utiliser cette phrase de Senzaemon Nakiri, personnage de Food Wars afin d’illustrer mes propos :

La plupart d’entre vous n’êtes que de vulgaires cailloux destinés à polir les quelques diamants qui se cachent parmis vous.

J’estime que ça résume bien le Jump : un fonctionnement qui peut sembler archaïque, mais qui a déjà plus que faits ses preuves, des succès qui portent l’industrie du manga à l’étranger, comme on peut le voir en France, deuxième plus gros pays consommateur de mangas au monde. Les plus grosses ventes chez nous sont des mangas du Jump, One Piece, Dragon Ball, présents depuis 20 ans, My Hero Academia, qui aura fait une ascension fulgurante, Naruto, toujours présent ou Demon Slayer, qui apparemment se vendrait merveilleusement bien.

En soit le seul manga qui a vraiment un succès comparable aux plus gros hits du Jump en France est Fairy Tail. Le Jump ne laisse pas ses chances à toutes ses séries, c’est triste, mais celles qui réussissent à s’imposer peuvent se féliciter d’avoir accompli ça. Et c’est bien ce qu’est le Jump. Trois mots « Amitié, Effort, Victoire ». L’amitié rivale entretenu entre des mangakas, l’effort de se hisser tout en haut du magazine et la victoire d’y être parvenu.

En soit, le Jump est un véritable nekketsu.