
La hype est un concept bien étrange. Certains titres se font attendre pendant plusieurs mois avant d’arriver en France et de combler les attentes, d’autres se révèlent bien moins prometteurs que prévu et enfin, certains sortent totalement de nul part et nous charment de par leur qualité. Intéressons-nous à l’un des membres de cette troisième catégorie, avec la critique des 5 premiers tomes de Iruma à l’école des démons, disponible chez nobi nobi.
Les 7 cercles de la méconnaissance

En faisant des recherches sur cette série afin d’écrire cette critique, je me suis rendu compte à quel point ce titre est bien plus vieux que ce que j’imaginais. De son nom japonais Mairimashita! Iruma-kun, le manga est signé Osamu Nishi et est en cours dans le Weekly Shonen Champion, magazine où est par exemple né Yowamushi Pedal, toujours en cours, ou Prisonnier Riku, compilé en 38 volumes. Iruma est l’un des 2 leaders actuels du magazine, avec Yowamushi Pedal justement. Iruma est d’ailleurs le titre du Shonen Champion le plus vendu sur l’année Oricon 2020, où il est 20ème avec 1 953 083 ventes (bien qu’en grande partie aidé par son adaptation animée). Mais assez tourné autour du pot, Iruma à l’école des Démons, de quoi ça cause ? Vous connaissez la chanson, voilà le synopsis tel que trouvable tel quel :
Un jour, le jeune Iruma devient, bien malgré lui, le petit-fils adoptif d’un papy démon excentrique. Une nouvelle vie commence alors pour lui à Babyls, une école peuplée de monstres en tout genre, où personne n’a jamais vu d’humain mais tout le monde rêve d’en dévorer un ! Et entre les démons qui le défient en duel, les succubes extravagantes et les épreuves scolaires mettant sa vie en péril, Iruma ne pourra compter que sur un atout : sa gentillesse désarmante. Mais comment un humain au bon cœur va-t-il pouvoir survivre dans cet enfer ?!
Résumé du tome 1 de Iruma à l’école des Démons
Iruma est donc un manga school-life, qui s’intéresse aux péripéties quotidiennes de notre jeune protagoniste, bien trop gentil pour le monde qui l’entoure. Et… voilà comment on pourrait résumer le scénario qui nous est présenté dans ce tome 1. On retrouve certes un arc majeur, que je ne spoilerais pas bien évidemment, mais le scénario reste à mon sens le gros point faible d’Iruma à l’école des Démons. Point faible qu’il compense bien heureusement autre part, mais qui reste malgré tout présent, vu que le manga essaye de s’accrocher à un statu quo, en introduisant pas mal d’éléments pouvant être sources de grands changements dans le futur, mais une telle stabilité scénaristique sur le début de la série est à mon sens assez décevant. Le manga a toute les cartes en main pour faire de son scénario quelque chose de grandiose, mais en l’état, impossible de ne pas trouver sa relative lenteur narrative assez décevante…
Un casting beau à mourir

Après s’être attaqué au point faible d’Iruma, il est à mon sens temps de parler de son plus gros point fort : son casting de personnages, tous plus attachants les uns que les autres et tous hauts en couleurs. Certes là aussi le manga fait dans le classique en ne révolutionnant rien, mais il est vraiment très difficile de ne pas s’attacher à au moins un personnage, tant le manga profite justement du statu quo scénaristique des 5 premiers tomes pour introduire énormément de personnages. Alice, l’ami parfois un peu collant d’Iruma, Clara, la boute-en-train du groupe difficile à comprendre, Sabro, le rival auto-proclamé d’Iruma, Sullivan, cliché absolu du grand-père collant, Callego, le professeur ténébreux…. Mon coeur penche de son côté pour Amélie Azazel, directrice du BDE qui cherche à comprendre et analyser ces ouvrages ténébreux que sont les mangas, à l’aide d’Iruma.

Et ce casting haut en couleurs sert énormément l’humour de la série, un autre très gros point fort du manga qui compense d’une très belle manière le scénario un peu faible de ces 5 premiers tomes, vu qu’on est parfois juste pris par l’envie de découvrir de nouveaux gags, et les différents degrés de lecture des situations qui oscillent entre la culture des démons et la culture humaine d’Iruma joue énormément dans ce côté comique pleinement assumé par le manga qui l’utilise à la perfection. Ma seule et unique réserve à ce sujet est que le manga finisse par trop user de facilités scénaristiques afin de prioriser l’humour. Car avec un manga faisant actuellement 20 tomes au Japon, trouver le juste milieu entre scénario et humour est compliqué. Et surtout, il faut savoir renouveler ses gags, car le comique de répétition sur le long terme ne marche pas énormément. A part cela rien à dire, surtout que le trait d’Osamu Nishi se prête parfaitement à un manga tantôt comique tantôt orienté action. Certains chapitres sont vraiment simplistes sur ce point là où d’autre offrent des planches absolument sublimissimes sur tout les points. Mention spéciale au match de balle au prisonnier à la fin du tome 2, qui en met plein la rétine !
Un manga diablement prometteur

Iruma est un manga plus que prometteur rempli de qualité. On a déjà vu à quel point son casting de personnages est attachant et que son scénario peut à terme donner quelque chose de grandiose, mais la force et le potentiel d’Iruma à l’école des Démons ne se limite pas à ça, loin de là. Son univers est lui aussi très réussi. On nous y présente un enfer éloigné de toutes relations avec les humains depuis de nombreux siècles, à tel point qu’ils y sont considérés comme un mythe. De même, placer le cadre spatial dans une école est quelque chose de très intéressant, puisque cela permet de mêler les visions d’enfants en pleine croissance et d’adultes. Ce domaine est parfaitement incarné par l’arc du festival et par le personnage qui y est énormément lié, Kiriwo.

Encore une fois, difficile d’en dire plus sans spoiler, mais ce personnage pose les bases d’énormément de problématiques sociales que le manga peut exploiter par la suite, et j’espère grandement qu’il va le faire. Iruma est un manga à l’apparence enfantine, mais qui soulève pas mal de thématiques vraiment importantes dans le monde dans lequel on vit. La hiérarchisation sociale a-t-elle encore un sens ? Les rêves ont-ils encore une place dans notre société ? Faut-il s’affirmer ou au contraire rentrer dans le moule que la société crée pour nous ? Tant de problématiques soulevées qui offrent un deuxième degré de lecture autant, si ce n’est plus, passionnant que le premier.
Catégorie | Note | Avis résumé |
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Personnages | 19/20 | Un casting vraiment haut en couleurs, chaque personnage est très original et donne envie d’en savoir plus ! |
Scénario | 12/20 | En s’accrochant à un statu quo, le manga reste bloqué au niveau scénaristique… |
Ambiance et Univers | 17,5/20 | L’idée de base est déjà très bonne, l’exécution l’est encore plus ! On se sent vraiment pris dedans ! |
Dessin | 15/20 | On sent là aussi une grosse marge de progression, vu que Nishi expérimente beaucoup sur ces 5 premiers tomes |
Plaisir de Lecture | 18/20 | Le manga se lit tout seul, d’une traite, sans difficulté ! On en redemanderai presque ! |
Total | 81,5/100 =16,3/20 | Une très bonne surprise, un manga très attachant et prometteur ! |
Iruma à l’école des Démons est l’une de mes excellentes découvertes de la fin d’année passée. Je ne m’attendais à rien, et on peut dire que j’ai vraiment pas été déçu ! Le manga réussit sur quasiment tout les tableaux, à part son scénario qui fait un peu tache selon moi, mais j’ai très très bon espoir pour la suite au vu de la qualité du premier gros arc !

Le tome 6 sortira le 17 mars prochain chez Nobi Nobi, qui a abandonné son rythme d’un tome tout les mois pour passer à un tome tout les 2 mois (ainsi le tome 7 sortira en mai). Comptez sur moi pour vous en parler, car j’ai hâte de poursuivre cette très belle lecture ! (en plus y’a la best girl en couverture, que demander de plus ?)