
Nouvelle Personnalitay où on s’intéresse donc à l’une des légendes du monde du manga: Akira Toriyama, auteur flemmard et génial de Dragon Ball et de Dr. Slump.
Akira Toriyama est donc né le 5 avril 1955 à Kiyoshu dans la préfecture d’Aichi. Akira est, dans son enfance, un enfant très actif qui dessine beaucoup. Ce serait d’ailleurs durant cette période qu’il aurait crée l’avatar qui le représente encore aujourd’hui, à savoir un robot humanoïde avec un masque à gaz. Une fois entré au lycée, en ayant pris une spécialité « art », Toriyama prend la décision de ne pas poursuivre ses études une fois son diplôme en poche. Il devient donc illustrateur dans une société de publicité, mais ses retards assez fréquents font qu’il se fait licencier au bout de 2 ans.

Toriyama, alors chômeur, passe la plupart de ses journées dans un café ou il fume et lit de temps en temps des mangas. Cependant, il tombe un jour si un concours de mangas avec un gros premier prix. N’ayant plus d’argent pour acheter ses cigarettes, il décide d’envoyer son manga. Mais il échouera. S’en suivra ensuite une autre participation à un concours cette fois organisé par le Weelky Shônen Jump, où il envoie un manga parodique de « Star Wars », qui sera écarté car la Shueisha, la maison d’édition, avait peur d’avoir des problèmes avec les ayant-droits de Star Wars. Mais Torishima, un éditeur de Shueisha, décide de prendre Toriyama sous son aile car il utilise des onomatopées avec des caractères de l’alphabet latin. S’en suivra une période intensive « d’entraînement » où Toriyama enverra et renverra des planches à Torishima, sans succès. Au bout de 2 ans, Torishima accepte de publier une histoire de Toriyama dans le magazine, nommée Wonder Island, qui sera un échec. Mais Toriyama continua à dessiner, et à persévérer.

À la fin des années 70/80, Torishima décide de proposer en réunion de sérialisation Dr. Slump, dernier prototype que lui a envoyé Toriyama. Les éditeurs acceptèrent et la parution commença. Et le succès arrivera. Durant les 4 années de parution de Dr. Slump (environ 200 chapitres pour un total de 18 volumes), Toriyama passera de parfait inconnu qui vit encore chez ses parents à superstar du manga, ce qui lui permet de devenir la 35ème plus grosse fortune japonaise en 1984, et ce alors que Dragon Ball n’existe même pas. Dr. Slump est donc une histoire comique qui met en scène Senbei Norimaki, docteur très intelligent mais également très pervers sur les bords, et son robot Aralé, à l’apparence de petite fille mais à la force herculéenne. Dr. Slump est donc l’aboutissement de ce que Toriyama voulait dessiner: des histoires sans prises de tête, avec un humour enfantin mais efficace, et avec quelques références à la pop-culture de l’époque (l’antagoniste vit par exemple dans une maison qui ressemble à la tête de R2-D2). Toriyama mettra donc fin à Dr. Slump en 1984, car il n’arrivait plus à trouver des gags à utiliser dans son scénario mais aussi car il travaillait sur une autre histoire courte, inspirée des films de Jackie Chan et du conte La Pérégrination vers l’Ouest, histoire que vous connaissez forcément.
Et je vais peut-être vous surprendre, mais au début, Dragon Ball et le succès, c’était pas vraiment ça, voir pas du tout. Selon les dires de Toriyama, la série avait des classement très moyens, voire mauvais, jusqu’au début de l’arc du 21ème Tenkaichi Budokai (le premier Championnat des Arts Martiaux), soit à la fin du tome 3/début du tome 4. Mais ça finira par décoller pour ne jamais atterrir. Dragon Ball devient alors populaire, et gardera cette aura durant plus de 30 ans, même après sa fin en 1995, que Toriyama avait enfin réussi à négocier (mais ça, on en reparle samedi). Dragon Ball sera un tel succès qu’il est encore aujourd’hui le 2ème manga le plus vendu de l’histoire (environ 250 Millions). Dragon Ball a tellement marqué l’histoire du manga, que comme Slam Dunk pour les shônen sportifs, que la quasi-totalité des shônen nekketsu utilisent encore les codes installés par Dragon Ball: le garçon un peu spécial qui part à l’aventure pour X raisons avec ses amis (on peut penser à Asta, à Luffy ou à Naruto). Le groupe d’amis du héros contient généralement un jeune homme ténébreux qui a du succès avec les femmes (Sasuke/Yuno/Shoto Todoroki), un personnage un peu pervers (Sanji/Jiraya), une femme avec généralement des attraits bien voyants, car le shônen est avant tout une catégorie de manga pour adolescents (Hinata/Lucy/Momo) et un personnage comique (Zenitsu/Happy/Chopper). C’est simple: Dragon Ball a, par sa période de sortie et son succès, façonné le manga pour qu’il ressemble à ce que nous connaissons aujourd’hui. Et dire que l’origine de cette révolution est à chercher du côté d’un café de la préfecture d’Aichi, dans l’esprit d’un mec qui voulait juste acheter des clopes…

En soit Toriyama mérite son succès. Il a tout donné pendant 15 ans, au point de détester son propre manga. Il a tout donné pendant 15 ans, au point de devenir l’un des hommes les plus riches de sa nation, alors que lui même se définit comme un homme fainéant, pervers et procrastinateur. Un peu comme Senbei. Un génie, tout simplement, un peu à la manière de ce que dit Hattori dans Bakuman: « Il existe deux types de mangaka. Les génies, qui dessinent ce qui leur passent par la tête et les calculateurs, qui essayent de s’assurer un succès en dessinant des choses spécifiques. Cependant, les succès proviennent très souvent de la première catégorie ». Et en soit oui, Toriyama est un génie. C’est tellement un génie qu’il s’est retrouvé piégé par le succès de son oeuvre, à être obligé à faire encore et toujours du Dragon Ball…